Tribunal correctionnel de Lille
Comme des acteurs, les juges surgissent de derrière une affreuse tenture murale. Une porte s'ouvre et Soraya entre, tenue en laisse par les policiers. Elle est en prison depuis deux mois, avec son bébé. «L'audience avait été renvoyée à aujourd'hui pour que vous puissiez accoucher, explique le président, car vous aviez des contractions. Vous êtes incarcérée en exécution d'une autre peine.» Soraya aurait volé un portable chez son coiffeur. Et conduit défoncée et sans permis. «Le portable, renifle-t-elle, je l'ai pris machinalement, j'ai le même et j'ai cru que c'était le mien .» Le président ajoute : «Et chez ce coiffeur, ça s'est mal passé...» Soraya agite ses cheveux bouclés : «Ils m'ont totalement ratée, j'ai refusé de payer et pourtant j'avais de l'argent !» Le juge passe aux accidents de voiture et Soraya sanglote : «J'ai mon code, hein ! Et j'ai pris des leçons de conduite. Maman m'a demandé d'emmener les enfants à l'école. J'ai rencontré une amie, elle m'a proposé de l'héro, j'ai été faible. Pourtant, j'avais arrêté...» Le juge opine : «Toujours est-il que vous ne savez pas conduire. Déjà, le matin, vous avez percuté trois pompes à essence.... Puis deux voitures. Et votre concubin a expliqué que vous circuliez constamment avec ce véhicule pour emmener vos enfants à l'école.»
Soraya hausse les épaules : «Je sais pas pourquoi il dit ça. Mes enfants, je les ai pas ! La grande, c'est maman qui a la garde, le deuxième, c'est le père, le troisièm