Le parquet a requis hier au moins huit mois de prison avec sursis contre François Léotard et six mois avec sursis pour Renaud Donnedieu de Vabres, dans l'affaire des cinq millions de francs du Parti républicain (PR), issus des fonds secrets du gouvernement Balladur, recyclés par le Fondo, une sulfureuse banque franco-italienne. Pour le procureur, Henri Génin, il s'agit d'un «cas d'école de blanchiment» : un dépôt en liquide, non déclaré, en contrepartie d'un prêt bancaire, officiel cette fois, mais qui ne sera jamais remboursé. Tout en dénonçant avec force le financement politique occulte, cette «maladie honteuse de la démocratie française», il s'est pourtant abstenu de requérir la seule sanction qui compte pour un homme politique : la déchéance de ses droits civiques, l'inéligibilité.
Cheminement. Pour en arriver là, le procureur s'est livré à un très subtil cheminement juridique. Léo et Donnedieu étaient poursuivis pour blanchiment et financement politique illégal. Le second motif est la condition du premier, car on ne blanchit que de l'argent sale. Le procureur se dit certain de l'origine frauduleuse des cinq millions : aux prévenus qui se réfugient derrière l'alibi des fonds spéciaux et du secret qui va avec, il rétorque qu'un parti politique est obligé d'inscrire toutes ses recettes en comptabilité. Pour lui, l'affaire est pliée : le PR ayant dissimulé les fonds, ils sont donc occultes. L'infraction préalable au blanchiment est constituée. Mais le procureur s'interroge :