Menu
Libération

Jamila, un amant tué, un mari rescapé et une fille manipulée

Article réservé aux abonnés
Procès en appel à Lyon d'une femme condamnée en première instance pour avoir tué son amant, fait accuser son mari du meurtre et tenté de l'éliminer à son tour.
par Eric MESMIN
publié le 13 décembre 2003 à 2h19

Lyon

correspondance

Jamila Belkacem est une femme étrange. Vêtue d'un chic manteau beige qu'elle ne quitte jamais, chaussée de grosses lunettes rondes qui lui mangent un visage lisse, elle écoute, presque absente, les débats de son deuxième procès en appel devant la cour d'assises du Rhône.

Le premier, en février, avait donné lieu à un coup de théâtre comme il en existe peu en matière pénale.

Alors que l'audience venait à peine de débuter, le président de la cour d'assises recevait une lettre dactylographiée du mari de Jamila Belkacem, René Maillard. Celui-ci s'y accusait du crime reproché à sa femme : le meurtre de son amant. Et il annonçait son intention de se donner la mort. «Je suis coupable. Je préfère me suicider libre que derrière les barreaux», avait-il prétendument écrit. Le procès était renvoyé.

Complot. Une rapide enquête a permis de révéler que c'est Jamila Belkacem (43 ans) qui a ourdi le machiavélique complot depuis sa cellule pour s'innocenter. Son bras armé était sa propre fille. Une mineure de 17 ans qui a tapé la lettre et servi un flan bourré de médicaments à son père pour le tuer. Après un coma de deux jours, ce dernier n'est pas mort. Il a porté plainte. Une instruction est actuellement en cours à Villefranche-sur-Saône (Rhône). «Je n'ai jamais souhaité me suicider», assure le père aujourd'hui.

C'est donc avec ce rebondissement en toile de fond que s'est rouvert, mercredi à Lyon, le procès Belkacem. Il devrait durer jusqu'à vendredi prochain. L'aide-soignante,