Menu
Libération

«Madame la juge, je prierai pour vous»

Article réservé aux abonnés
publié le 15 décembre 2003 à 2h20

Tribunal correctionnel de Paris

A toute allure, la présidente débite le CV d'Abdel, 19 ans : «Célibataire, sans profession, que faites-vous dans la vie ?» Enfoui dans un blouson rouge, Abdel balbutie : «Plombier à la recherche d'un emploi.» Dans une voiture volée, il a enfilé les Champs-Elysées à plus de 120 à l'heure, grillé six feux rouges, baissé sa vitre pour crier «Allez vous faire enculer» aux policiers dont il a tenté de percuter le véhicule, et, boulevard Saint-Germain, il a emplafonné un pylône. «Pourquoi ce comportement particulièrement dangereux ?» s'étonne la présidente. «J'avais fumé, bafouille Abdel, j'ai écouté de la musique dans la voiture et puis, dans le vide-poches, j'ai trouvé la clé, alors je me suis baladé, j'ai bu une bière...» La juge est interloquée : «On comprend d'autant moins que vous n'avez jamais été condamné... Vous avez été hospitalisé en psychiatrie, je vois... A cause de la drogue ?» Abdel hausse les épaules : «Je sais plus, mes parents savaient plus trop quoi faire... Après, je suis allé en Tunisie, il y a un timbre sur mon passeport. En revenant, j'ai été opéré d'une hernie...» Le procureur est surpris, lui aussi : «Ce comportement est généralement typique des habitués des tribunaux. Je prends acte de son hospitalisation en psychiatrie mais il est, à mon sens, complètement responsable de ses actes !» Il veut six mois ferme. L'avocate s'avance : «Ses propos sont totalement décousus et il a des problèmes psys certains !» Six mois ferme et six