Lille de notre correspondante
Quatre tours, pas très hautes. Pas de barres lugubres ni cet air dévasté des quartiers relégués, juste la tristesse du béton. Le Pacot-Vandracq, quartier populaire à quelques mètres des villas de la très chic avenue de l'Hippodrome, de Lambersart, près de Lille, se traverse sans crainte, même la nuit tombée. La réputation de quartier dur s'y estompait avec les années, et la délinquance était passée sous la moyenne nationale. Et puis, le Pacot s'est réveillé un matin à la télé. Et ne s'est pas reconnu : en deux mois, deux hommes sont morts, tabassés en pleine rue. Pas d'explication. Pas de lien entre les deux histoires mais un point commun : les agresseurs sont très jeunes. Le plus jeune est un enfant de treize ans.
Aveux. Le 11 octobre, Sandro Rossetti, 32 ans, handicapé mental, est tué par un homme ivre, roué de coups à la fin d'une fête foraine. Le 1er décembre, Gérard Lionet, la cinquantaine, se prend de bec avec une dizaine de jeunes, et meurt d'une crise cardiaque après des coups de poing, de pied et de crosse de hockey. Le lendemain, trois jeunes poussent la porte du centre social et avouent. Sept jeunes, acteurs et témoins du meurtre, sont mis en garde à vue. Puis deux mineurs sont écroués à Loos-lez-Lille, et un jeune majeur, moins impliqué, est interdit de séjour dans le quartier.
Orange mécanique ? Philippe Cotton, directeur du centre social, qui a reçu une partie des jeunes meurtriers, n'y croit pas. «Ils sont venus crier au secours, en