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Libération

Bordeaux monte enfin dans le tram

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Après trois ans de travaux, inauguration du réseau qui désenclave une partie de la banlieue.
publié le 20 décembre 2003 à 2h25

Bordeaux correspondance

Mercredi, dans le local des comités de quartier de Lormont, Marie-Claire, bénévole, ne parlait que de lui. Du tramway qui allait «la sortir du ghetto». Une rame toutes les quatre minutes aux heures de pointe. Le centre de Bordeaux à quinze minutes contre trois quarts d'heure avec le bus. Et tout le monde l'attend. Les jeunes, les vieux. Comme Marie-Thérèse, 80 ans, qui a connu dans les années 40, «l'autre» tramway. Fadila, c'est sûr, ne ratera pas l'inauguration de la ligne A qui relie sur 10 kilomètres, Cenon et Lormont, communes populaires de la rive droite au quartier Mériadeck au centre ville. Ce dimanche, elle prendra la première rame de cinq heures du matin.

Le maire de Lormont, Jean Touzeau (PS), a les yeux qui brillent. Sa commune de 22 000 habitants peut se laisser emporter par l'espoir. Oublié de la rive gauche nantie, Lormont affiche un taux de chômage de 23 %, 55 nationalités et toutes ses écoles sont en ZEP. Ici on dit qu'on habite à «Domofrance», du nom de la société HLM. Alors Jean Touzeau rêve : «A terme, le tram innervera toute l'agglo, et créera des échanges.» Il a bataillé, s'est même payé le luxe de détourner le trajet du tramway. Un crochet de 3 kilomètres pour un arrêt dans le quartier de Carriet. «Sinon, un tiers de la ville n'aurait pas été desservi par le tram.» Coût du détour : 17 millions d'euros. Un grain de sable dans un chantier immense. Trois ans de travaux. Bordeaux et la périphérie sens dessus dessous, noyées dans les em