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Libération

Laïcité: la grogne des cardinaux

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publié le 24 décembre 2003 à 2h27

Les cardinaux français sont irrités par l'arbitrage de Jacques Chirac en faveur d'une loi interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics. Ils le disent de façon très coordonnée. Philippe Barbarin, cardinal-archevêque de Lyon, primat des Gaules et benjamin des Eminences françaises, stigmatise une «peur irraisonnée de la société». Jean-Marie Lustiger, cardinal-archevêque de Paris, le plus prestigieux et le plus puissant des cardinaux français, le plus écouté à Rome aussi, déplore «une grosse flambée de fièvre où le malade, c'est-à-dire la France, a un peu déliré». Les cardinaux français considèrent donc qu'il y a beaucoup d'irrationalité et de démesure dans le psychodrame qui agite la France à propos du voile islamique. Ils jugent le recours à la loi disproportionné par rapport à l'importance du débat ; ils redoutent même que ses effets soient lourdement négatifs et qu'ils ne pénalisent injustement la communauté religieuse musulmane. Ils expriment ainsi un point de vue manifestement partagé par l'ensemble de l'épiscopat, comme le prouvent les très nombreuses protestations des évêques. La lecture de la Croix va exactement dans le même sens. Depuis le début de l'automne, le quotidien catholique, d'ordinaire si serein et si attentivement équilibré, frémit d'indignation devant ce qui lui apparaît comme une rechute de la France dans un laïcisme archaïque. Les prélats s'émeuvent, eux aussi, de ce qu'ils ressentent comme une défaite de l