Mauroux (Lot) envoyé spécial
A quelques mètres de la mairie de Mauroux (Lot), 411 habitants habitent depuis début novembre le Jardin des aînés. Dans la maison de gauche, Christian et Sylviane, couple d'une trentaine d'années, vivent à l'étage avec leurs deux enfants. Juste au-dessus de Marie, 79 ans, et Yvonne, 87 ans, qu'ils apprennent à connaître depuis quelques semaines. A droite, dans une maison parfaitement symétrique, Véronique, José et leurs enfants vivent, eux, avec trois «papys» : Martou, Raymond et Serge. Une prise en charge novatrice des personnes âgées qui ne sont plus autonomes, mais pas totalement dépendantes.
Coincées. L'idée naît il y a onze ans. Le maire de Mauroux, Guy Delbès, s'insurge «des conditions de vie des vieux». Trop faibles pour vivre seuls, ils prennent la direction de «mouroirs», ces hôpitaux ruraux aux immenses chambres communes. Vingt-trois pour cent des habitants du Lot ont plus de 70 ans. Guy Delbès supporte mal de les voir «enfermés chez eux à regarder la télévision, à ne rien attendre». Certains lui confient ne pas vouloir «finir tout seuls, comme des chiens». D'autres «parlent avec leurs yeux». «On n'a pas le droit de les laisser comme ça. Dans des maisons pas chauffées, pas nettoyées, où leur hygiène se dégrade. A vivre dans l'insécurité physique et sociale. Personne ne se préoccupe d'eux, puisqu'ils ne sont pas organisés, ne revendiquent rien.» Le maire raconte leur solitude : «Certains ont une trop mauvaise vue pour lire le journal. Pour