Mariana, 48 ans, est sourde. Elle s'exprime dans la langue des signes. Hier, elle s'est présentée pour la troisième fois devant le conseil des prud'hommes de Paris. Couturière , elle a attaqué son ex-employeur, une créatrice de mode, qui ne lui a jamais payé trois mois de travail effectués. Lors d'une première audience en référé, un interprète bénévole a assuré la traduction. Et la couturière a obtenu gain de cause. Une nouvelle audience devait avoir lieu en novembre afin d'obtenir la condamnation de l'employeur à payer les agios prélevés sur son compte en banque. Faute d'interprète, l'audience a été renvoyée.
Défense seule. Nouvelle audience hier, et toujours pas d'interprète. Mariana, qui n'a plus d'emploi, ne peut pas se payer la vacation d'un traducteur. «C'est à l'Etat de prendre en charge la compensation du handicap, en vertu de la loi du 17 janvier 2002, et de fournir un interprète à l'audience», intervient une militante des droits des sourds. «Au pénal, oui. Pas au civil», répondent les juges, qui demandent un nouveau renvoi au 10 mars.
Mariana n'a pas d'avocat. Elle se défend seule, comme la loi le permet. La greffière prend les choses en main : «On peut peut-être se parler par écrit ?» En fait, Mariana lit bien mais écrit difficilement. «Alors une personne de votre entreprise peut-elle vous assister ?», poursuit la greffière. Une ex-collègue s'avance. Mais elle ne parle pas la langue des signes. «Votre conjoint, alors ?», s'agace la greffière. Le mari de Mariana est