Le 29 mars, la détenue Joëlle Aubron, opérée d'une tumeur cancéreuse au cerveau, avait reçu sa famille menottée à son lit d'hôpital du CHU de Lille. Sur ordre de qui ? Ni de l'administration pénitentiaire, ni du ministère de la Justice dont les services avaient dû intervenir pour qu'elle soit désentravée. L'ordre venait du préfet Roger Marion, l'ancien patron de l'antiterrorisme et ex-numéro 2 de la PJ, surnommé «Eagle 4» (il gueule fort) ou «Roger le dingue» dans la police allusion à son caractère très particulier , expédié en février au poste de préfet du Nord. Samedi, un nouvel incident a opposé le préfet Marion à la famille de Joëlle Aubron. La prisonnière, en effet, avait réintégré le centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) où elle purge une peine à perpétuité pour deux assassinats commis au nom d'Action directe.
Mais jeudi, après un malaise, elle s'est ouvert le crâne et a, à nouveau, été transportée en urgence au CHU de Lille. Prévenus vendredi soir par le directeur de la prison «elle est en observation en neurologie, vous pouvez aller la voir» , ses parents sont arrivés samedi à l'hôpital où les policiers leur refusent tout net la visite. «On nous a dit qu'elle ne verrait personne sans un ordre signé de Roger Marion», rapporte un ami qui les accompagnait. Samedi, au ministère de l'Intérieur, on assurait pourtant : «Il s'agit d'une application stricte du code de procédure pénale. Et, d'ailleurs, la loi dit que le permis de visite pour un détenu malade doit