(à Moulins)
La «suspicion de tentative d'évasion» était si «grave», si «certaine», qu'elle a valu à quatre détenus d'être transférés précipitamment le 18 mai de la centrale de haute sécurité de Moulins-Yzeure, dispatchés dans différentes prisons, et tenus au secret quelques jours. Parmi eux, un Basque, le nationaliste corse Charles Santoni et Jean-Marc Rouillan, fondateur d'Action directe, aujourd'hui placé à l'isolement à Fleury-Mérogis. Une urgence qui se serait doublée de graves violences, selon le récit de Rouillan à des proches : «Les cagoulés des Eris (1) sont entrés à l'aube dans nos cellules, j'ai été tiré de mon lit, traîné nu dans la prison, comme les trois autres. On nous a fait mettre à genoux, toujours nus, on nous a frappés, avec une serviette dans la bouche pour nous empêcher de crier et, enfin, nous avons été présentés nus au directeur.» Ce que réfute le directeur de Moulins, Richard Bauer : «Avec d'autant plus de certitude, précise-t-il, que j'ai moi-même assisté à l'opération, du début à la fin.»
Epinglées. Une plainte pour «coups et violences» va cependant être déposée par Rouillan et sans doute par deux autres de ses codétenus. «Rouillan nous a dit qu'en dix-huit ans de prison il lui est arrivé d'être tabassé, mais jamais humilié à ce point», rapportent ses amis. Depuis leur création en février 2003 par Dominique Perben, les Eris sont très contestées. Au point d'être épinglées par le Comité européen de la torture, par les associations, mais aussi par la CGT