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Libération

Laura, victime de Mafoudh, le tireur souffre-douleur

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Portrait croisé des protagonistes du drame d'une balle perdue à Evry.
publié le 8 juin 2004 à 0h57

Les insultes pleuvent, et l'on pressent qu'un mot, un regard de travers peuvent suffire à faire exploser l'atmosphère. Depuis la fusillade et la balle perdue qui a tué une femme de 33 ans il y a dix jours à Evry, les amis de Mafoudh, le tireur, ont les nerfs à vif. Pour eux, le jeune homme a «pété un plomb à cause des humiliations qu'il a subies». Ils sont prêts à en découdre avec ceux qui l'ont poussé à ce geste «qui ne lui ressemble pas». Mafoudh, 18 ans, faisait office de souffre-douleur dans la cité. Trop faible pour être respecté.

«Embrouillé». Il y a quelques semaines, il avait échangé son scooter contre une vieille voiture à un garçon du quartier. Mais celui-ci l'a «carotté». Il a dit à Mafoudh qu'il devait lui rendre la voiture parce que le scooter était volé et avait été récupéré par la police. Mafoudh a obtempéré, mais il a vite appris que la police n'était jamais intervenue et que l'autre avait gardé le deux-roues. Dimanche 30 mai, Mafoudh a croisé par hasard un groupe de jeunes. Parmi ceux-ci, celui qui l'avait escroqué. Comme à son habitude, il a adopté un profil bas. «C'est pas sympa ce que vous avez fait», aurait-il juste dit. «On t'a bien niqué», lui aurait répondu un jeune en rigolant. Mafoudh aurait baissé la tête et lancé : «Bravo, vous m'avez bien eu.»

Il part alors chercher un pistolet, un 9 mm, dont la provenance n'a toujours pas été déterminée par les enquêteurs. Une heure plus tard, il revient sur les lieux et tire à plusieurs reprises dans les jambes d