Rennes, correspondance.
Mine allongée aux sourcils épais et aux cheveux gris tirés en arrière, Francisco Arce Montes n'a pratiquement pas quitté, tout au long de son procès, son masque d'indifférence. Même quand il a donné sa version du meurtre et du viol de Caroline Dickinson, le 18 juillet 1996 à Pleine-Fougères, et dit à la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine qu'il n'était «pas un assassin», sa voix reste égale. Pourtant, la cour d'assises de Rennes l'a condamné à trente de réclusion criminelle, avec vingt ans de sûreté.
Une seule fois, cet Espagnol de 54 ans a craqué. Alors que, devant son mutisme, la présidente en était réduite à lire les dépositions de sa soeur aînée et de sa mère, il a tout à coup retiré l'oreillette lui permettant de suivre les débats en espagnol, s'est effondré en pleurant. Après une suspension d'audience, ses grands yeux noirs, qui jettent par instants des regards de bête traquée, étaient secs. Et il s'était de nouveau retranché derrière cette réponse : «Je ne sais pas, je n'ai rien à dire.»
Enfance. Devant le juge d'instruction, il s'était montré plus loquace. «Je n'ai pas eu une enfance heureuse. Mes amis se moquaient de moi. A 20 ans, je me suis mis à boire, j'avais beaucoup de problèmes.» A Gijon, en Espagne, où ses parents tenaient une supérette, le jeune Arce Montes mène une existence oisive et solitaire. Son principal signe : un souci d'hygiène maladif, se lavant vingt fois les mains par jour, ne supportant pas le contact d'un interrupteur ou prép