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Libération

Ibrahim, 6 ans, tué par une balle perdue et aussitôt oublié

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Une marche est organisée pour l'enfant, victime du tir d'un voisin policier.
publié le 7 août 2004 à 1h42

Samedi 26 juin 2004, XIXe arrondissement de Paris. Seul dans son studio, un jeune gardien de la paix stagiaire manipule son arme de service. Le coup part. La balle traverse la cloison du HLM. Dans le studio d'à côté, Mamassa Kaba et sa cousine Fatou Haïdara regardent la télé avec leurs enfants. Lorsque le policier paniqué tambourine à la porte, le petit Ibrahim, 6 ans, gît dans une mare de sang, touché en pleine tête. On ne s'aperçoit que plus tard que son cousin, 2 ans, a également été touché, à la cuisse. Les deux enfants sont transférés à l'hôpital. Le lendemain, la tragédie fait l'ouverture des journaux télé. Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, exprime sa «vive émotion» et sa «tristesse», et demande à la police de faire mieux respecter les consignes de sécurité. Le policier est placé en garde à vue. Puis plus rien. Le 1er juillet, Ibrahim est mort. Dans l'indifférence générale.

«Culot». Pour lutter contre l'oubli, une «organisation de défense du peuple noir», le Parti kémite, a appelé avec la famille à une marche en mémoire d'Ibrahim ce samedi (1). Dans le cortège, la colère le disputera à l'amertume. «Ce que nous voulons, c'est que justice soit faite», demande Muhamadu Kaba, le père d'Ibrahim. Car la famille se sent abandonnée, tenue à l'écart de son propre drame. Pour réunir 6 000 euros afin de rapatrier le corps en Gambie, d'où elle est originaire, elle a dû organiser une collecte. «Personne n'a proposé de soutien psychologique à la mère, dénonce l'oncle