Lyon, correspondance.

Ahmed est mort le 24 décembre à 0 h 30 sur une route du Beaujolais. Il a été renversé par un 4 x 4 vers Saint-Georges-de-Reneins (Rhône), à quelque 300 kilomètres de chez lui. Personne ne sait ce qu'il faisait à cet endroit ce soir-là. Ahmed avait 50 ans. Il habitait Migennes, dans l'Yonne. Il était ouvrier.

Cette mort violente survient après un parcours énigmatique. Le 18 décembre, il avait pris un bus pour se rendre au Maroc, d'où il était originaire. Il devait aller jusqu'à Tanger. Mais, arrivé dans le sud de l'Espagne, il change subitement d'avis et fait demi-tour. «Il y aurait eu un vague problème avec ses bagages, mais on ne sait pas exactement quoi», rapporte un gendarme. Sa femme, restée sans nouvelles, fait alors part de ses inquiétudes à la gendarmerie de Migennes, qui décide de diffuser son signalement.

On retrouve sa trace le 23 décembre. Mais pour quarante-huit heures seulement. Ce jour-là, Ahmed est descendu d'un car en provenance d'Espagne, au péage de Reventin-Vaugris, dans l'Isère. Il s'est rendu à la mairie du village. «Il voulait rentrer chez lui mais ne savait pas comment faire. Il avait l'air perdu et affolé», explique l'employée qui l'a reçu. Ahmed a raconté qu'il était menacé. Sans que personne ne comprenne par qui et pourquoi. La mairie prévient les gendarmes. Ceux-ci le conduisent alors à la gare de Vienne, non loin de Reventin, afin qu'il puisse repartir en Bourgogne. Arrivé à Lyon dans l'après-midi, il achète un billet Lyon-Auxer