Au rez-de-chaussée, Claude Bauchet est l'affable patron d'une PME de télécommunications. Mais au sous-sol de son entreprise parisienne, c'est à une communication plus ésotérique qu'il s'adonnait avec quelques amis. Ce père tranquille est également le représentant en France du Santo Daime, culte christiano-chamanique originaire du Brésil, qui compte plusieurs milliers de fidèles et est reconnu comme une religion. Ce n'est pas le cas en France. En décembre 2003, six «daimistes» avaient été condamnés en première instance à des peines de quatre à dix mois de prison avec sursis pour trafic de stupéfiants.
Car la particularité du Santo Daime est que ses adeptes se voient offrir en guise d'hostie une infusion hallucinogène dénommée ayahuasca. «Expansion de conscience bénéfique» et «vecteur de guérison» pour les uns, l'ayahuasca, consommée en Amazonie depuis des millénaires et qui se répand en Occident, était surtout pour le parquet un stupéfiant, puisqu'elle contient naturellement des traces de DMT, substance interdite en France. La cour d'appel de Paris n'a pas suivi le tribunal sur ce terrain, annulant hier son jugement, allant jusqu'à exiger la restitution de l'ayahuasca saisie. Une reconnaissance qui intervient après celles des juges espagnols, en 2001, et néerlandais, en 2003, et alors que d'autres procès sont en cours aux Etats-Unis, en Australie et en Allemagne.
Extorsions. L'affaire démarre il y a six ans lorsque, inquiète pour son fils, la mère d'un jeune adepte porte plaint