Moulins correspondance
Il risquait dix ans de prison. Mercredi, le procureur de la République de Moulins (Allier) a requis trois ans ferme avec mandat de dépôt contre Robert, accusé de s'être reconverti, en prison, du braquage à une extorsion de fonds tout à fait inédite.
Robert a 52 ans. Sûr de lui à l'audience, il ne s'embarrasse pas de rhétorique. Sorti en 2002 après vingt-trois ans d'incarcération dont une ultime condamnation à quinze ans en 1995 pour cinquante braquages , il avait mis au point en prison un système d'escroquerie très habile basé sur des petites annonces. Où après avoir établi le contact avec des correspondants extérieurs, il leur demandait ensuite de l'argent, leur promettant monts et merveilles quand il sera libre. «Je faisais le tri. Je prenais les plus vieux, ceux qui me paraissaient vicieux. Je leur laissais croire que j'allais les laisser me faire leurs saletés.» «Attendez, a tempéré son avocat, le bâtonnier Jean-Louis Deschamps, le mensonge n'est pas pénalement punissable. Les homosexuels qu'il contactait par le biais de petites annonces lui envoyaient spontanément de l'argent, alléchés par ses lettres et sa photo façon James Dean sur une moto qu'il leur adressait.»
Complice. Un système que Robert a su faire durer. Il avoue même être passé, en 1993, de l'artisanal à l'industriel entre la prison de Fleury et celle de Fresnes : «Je touchais jusqu'à 20 000 francs par mois à la prison. Des gars m'ont envoyé jusqu'à 50 000 francs.» Et ce, en toute tranq