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Libération

«Même si les policiers ont tort, on doit leur obéir!»

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publié le 7 février 2005 à 0h24

Tribunal correctionnel de Paris

Le président soupire à la vue de Tony, un grand black en manteau de fourrure : «On n'en a pas à toutes les audiences, Dieu merci ! Mais il arrive, comme aujourd'hui, qu'il y en ait plusieurs...» Il lit : «Il vous est reproché d'avoir procédé au racolage public en faisant des signes aux automobilistes masculins...» Tony est aussi sans papiers. Le traducteur traduit : «Je conteste, je ne suis pas le seul travesti du Bois et les gens qui y viennent savent pourquoi, alors inutile de faire des gestes !» Le président bougonne : «Les policiers disent le contraire !» et lève les yeux au ciel quand les gardes font entrer dans le box un homme en minijupe et au chignon blond. Puis il reprend : «Un boucher du Vésinet entendu par la police dit avoir vu une femme ­ on lui pardonne ! ­, il s'aperçoit ­ oh horreur ! ­ que c'est un travesti qui lui propose 20 euros pour une fellation !» Tony proteste farouchement et le juge poursuit : «Bon ! Mais pourquoi est-il connu sous plusieurs noms différents ?» Tony a peur «d'être renvoyé à Cuba». Il montre son visage blessé. «Pourquoi les policiers m'ont fait ça ?» «Il n'avait pas à se débattre, observe le juge, même si les policiers ont tort, on doit leur obéir !» Le procureur explique : «Le délit de racolage existe, mais si monsieur est là c'est surtout pour sa situation irrégulière. Son casier est vierge, je propose une interdiction du territoire et un sursis. Et si la garde à vue s'est mal passée, c'est surtout pour