Bastia avait gagné, ce soir-là. Emile Zuccarelli, le député-maire de la ville (PRG, Parti radical de gauche), avait conduit son frère trisomique au stade de Furiani. «Il appréciait qu'on le sorte», a-t-il expliqué hier à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris, où il est partie civile.
Le 23 mai 2002, il rentre donc chez lui, place Saint-Nicolas, vers 22 h 30. Puis il s'endort d'un sommeil profond. Sa femme Ange-Marie, en revanche, a, dit-elle, «un sommeil de chat». D'autant qu'elle n'était pas tranquille. Ce soir-là, une proche l'a alertée que la porte de l'immeuble avait été manipulée à deux reprises. Vers 1 heure, elle est réveillée par une petite détonation sèche. Elle se lève, croyant à un tir sur les fenêtres. «Je suis allée à la fenêtre qui donne sur la place, il y avait déjà une voiture de police, alors je suis allée à la porte d'entrée.» Elle l'ouvre. «En même temps qu'une voix dans l'escalier me criait "fermez tout de suite !", j'ai vu qu'il y avait une bombe sur le paillasson.» Et les bombes, Ange-Marie Zuccarelli connaît : en 1998, déjà à Bastia, son appartement avait été ravagé par un attentat. «La porte, en bois massif, avait été pulvérisée en petits morceaux, et l'appartement dévasté», raconte-t-elle.
Son mari, entre-temps, s'est levé à son tour. «J'étais sur le pas de la porte de notre chambre, qui est juste face à l'entrée. Ma femme s'est précipitée sur moi pour me propulser dans la chambre.»
La bombe sera désamorcée à temps. Les poseurs avaient été rep