Bonneville (Haute-Savoie)
envoyé spécial
C'est un procès très méthodique. Disposant de trois mois pour juger la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc, les magistrats de Bonneville avancent pas à pas. Depuis deux semaines, les circonstances générales ont été posées, et jeudi la parole a été donnée aux familles de victimes. Une audience cathartique, qui a bouleversé le tribunal et fait du bien aux parents, confiaient leurs avocats. Le tribunal va désormais détailler une à une les causes, les circonstances aggravantes et les responsabilités.
L'audience d'aujourd'hui est consacrée aux causes. Et d'abord à l'origine du feu sur le poids lourd belge dont l'incendie a provoqué la catastrophe. Deux thèses se sont opposées durant l'instruction. Selon un premier expert, une cigarette enflammée, aspirée par une «goulotte» située au-dessus de la cabine du camion Volvo belge, aurait mis le feu au filtre à air. Précis jusqu'à l'absurde, l'expert situe l'introduction du mégot dans la goulotte «1 minute 48 secondes» avant l'arrêt du poids lourd au péage d'accès au tunnel. Le filtre à air se serait enflammé, l'incendie se propageant ensuite au carter d'huile. Cette hypothèse inquiète le constructeur suédois. La goulotte du modèle incendié était mal placée, et dépourvue d'une grille de protection défaut corrigé depuis. Sa responsabilité pourrait donc être partiellement engagée.
Mais un contre-expert, entendu par les juges à partir de mardi, balaie la thèse du mégot. Professeur à l'université de La