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Libération

Pauvreté et prison, l'autre double peine

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Des associations débattaient samedi à Paris de l'exclusion carcérale.
publié le 14 février 2005 à 0h33

Dans son fauteuil roulant, il a l'air en forme. L'abbé Pierre ne sort qu'en de grandes occasions. C'en était une samedi, pour la cause des prisonniers : «Cinquante-six ans après la première communauté d'Emmaüs, née de l'union avec un désespéré (1), nous avons accueilli plusieurs centaines de milliers de ces tabassés de la vie.» Samedi donc, à la mairie de Paris, les associations de lutte contre l'exclusion ont débattu du rapport de cause à effet entre pauvreté et prison. Un petit film a tout résumé. Il raconte une ville de 60 000 habitants. «Dans cette ville, dit la voix off, 120 personnes se sont donné la mort en un an. Les facteurs de risque y sont importants et il n'est pas rare de patienter plusieurs mois avant de voir un dentiste ou un psychiatre. Dans cette ville, 20 % des habitants sont illettrés, près de 60 % des habitants n'ont pas accès à un travail, les mouvements de protestation y sont interdits, les problèmes de surpopulation y sont alarmants, on y reste 22 heures par jour enfermés à trois dans 9 m2... Cette ville n'appartient pas au passé...» Cette ville, peuplée des 60 000 détenus de France, ne marche pas fort. Du début à la fin.

«Il y a une conjonction de mauvaises réponses, accuse Martin Hirsch, le président d'Emmaüs, avec la crise de l'hébergement social, celle des soins psychiatriques et celle du système carcéral. Il faut bien poser la question : "Pourquoi ce sont les mêmes qui circulent entre ces trois systèmes ?"» Nicole Maestracci renchérit pour la Fnars