Tribunal correctionnel de Bobigny
Le président a un bon sourire face à Kamel, alias Hassan, 47 ans, un petit homme aux cheveux gris, en détention provisoire depuis trois semaines. Les policiers l'avaient suivi à l'aéroport de Roissy, car il est «défavorablement connu», et Kamel, assis près d'un touriste, lui a soutiré 100 livres anglaises et 100 euros. «Roissy est un lieu propice à ce genre de vols, remarque le président, les gens, encombrés de bagages, sont soucieux de leur voyage. Et voilà qui alimente l'insécurité des aéroports !» Qui est Kamel ? C'est le problème. «Nous avions renvoyé cette affaire pour avoir vos casiers et vos alias», signale le juge, mais en trois semaines, il n'a pas avancé d'un iota : «Je vais prendre connaissance de vos casiers en même temps que vous... Ah, c'est néant, néant... Ah si ! Sous le nom Kamel, je vois deux condamnations et en 81, 82, 83, des vols !» «Non ! ça c'était pas moi !» «Et ce vol en 78 ? Et cet arrêté d'expulsion en 76 c'est vous ?» Kamel raconte : «Oui, et j'avais écrit à madame Simone Veil, elle avait tout arrangé !» Le président soupire : «La dernière fois que vous êtes allé en prison, c'est quand ? En 83 ? Sous quelle identité ?» «La mienne !» Le juge patauge : «On n'a aucun élément pour dire qu'il a été condamné onze fois alors !» La procureure lève la main : «J'ai trois condamnations pour vol aggravé», et le juge reprend espoir : «Alors, en 2004, la condamnation pour exhibition c'est vous ? Et ce vol en réunion en 2003 ?»