Les lycéens étaient 100 000 dans les rues jeudi dernier. Combien aujourd'hui, alors que 22 académies sur 26 sont en congé ? Libération a pris le pouls à Bordeaux, lors d'une grève surprise hier, et dans un prestigieux lycée parisien.
Bordeaux, cité de Lormont
Manif spontanée à coups de SMS
Hier matin, au coeur de la cité de Lormont, près de Bordeaux, le lycée Elie-Faure, classé en ZEP, entend un grondement : «Une seule solution, c'est la révolution !» Le lycée technique voisin des Iris débarque en force, frappe aux portes, emmène dans son sillage une centaine de lycéens. Deux pas en avant, un pas en arrière : certains rebroussent chemin, inquiets de manquer trop de cours. A force de SMS et d'appels, ils seront tout de même quelques centaines place de la République, à Bordeaux, en guise d'«échauffement».
Pour Magali (terminale L), il faudrait carrément «une grève d'une semaine». Une sorte de mouvement continu contre le contrôle continu, dont personne ne croit au retrait. «Fillon le repassera en douce, pendant des vacances ou des examens», pronostique Damien. La disparition d'options mobilise aussi. Surtout ceux qui étudient l'économie (ES), et qui ont peur qu'elle ne soit plus proposée en classe de seconde. Crainte plus diffuse : celle d'être toujours plus étiqueté. Au choix, pensionnaire d'un lycée trop moyen, incapable de suivre une filière générale, ou juste situé en ZEP. «Certains lycées alentour ne font pas la demande [de ZEP] car ils ont peur d'avoir une mauvaise image», re