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Libération

La rage du «crétin des Irlandais de Vincennes»

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Le lieutenant-colonel Beau est le seul condamné de l'affaire de 1982.
publié le 16 février 2005 à 0h35

On aimerait pouvoir l'appeler par son prénom, Jean-Michel. Fils de militaire, vouvoyant ses parents, il s'accroche à son grade, lieutenant-colonel de la gendarmerie. Lieutenant-colonel Beau, 61 ans. Présentation sommaire par l'intéressé lui-même: «Je suis le crétin de l'affaire des Irlandais de Vincennes.» Pour avoir couvert, en 1982, les turpitudes du capitaine Paul Barril (qui avait déposé des armes avant la perquisition au domicile de terroristes irlandais), il a été condamné à douze mois de prison avec sursis. Pour avoir couvert les mêmes conneries, le commandant Christian Prouteau a été relaxé puis décoré de la Légion d'honneur par François Mitterrand en personne. Membres de la cellule de l'Elysée, Barril et Prouteau étaient protégés par le Château. Beau, simple gradé, n'a pas bénéficié du même parapluie, bien au contraire: «On lui a enfoncé la tête sous l'eau», a plaidé avant-hier son avocate, Me Christine Courregé, à l'occasion des plaidoiries des parties civiles, prélude au réquisitoire du parquet qui aura lieu aujourd'hui.

«Héros». Parmi la centaine de victimes du voyeurisme d'Etat sous Mitterrand, le lieutenant-colonel Beau fait figure d'archétype: au coeur de l'affaire des Irlandais, qui fit dériver la cellule à peine constituée, l'Elysée l'a écouté parce qu'on craignait qu'il ne s'épanche dans la presse. Ce qui fut fait: «Tout ce qui est sorti, c'est moi qui l'ai donné. J'ai été obligé de tout faire exploser, un énorme boum!» Pour rompre la discipline militaire et