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Libération

Patrick Dils face aux «gros dégueulasses»

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Poursuivi hier en diffamation par 80 «matons», l'ex-détenu ne regrette pas ses écrits.
publié le 16 février 2005 à 0h35

«Est-ce que vous regrettez les mots "vraies pourritures", "gros dégueulasses", "grands pervers" ?» lui demande l'avocate. Patrick Dils tourne avec lenteur sa longue silhouette vers elle, répond d'une voix grave : «Je ne regrette absolument rien. Ce sont bien mes propos.» S'il avait un peu plus de rancoeur, s'il était malveillant, il aurait pu ajouter qu'il était content de ses accusations. Mais Patrick Dils n'a rien de plus à dire.

La 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris le jugeait hier pour diffamation à l'égard de 80 surveillants de la prison de Toul, en Meurthe-et-Moselle. Seuls deux se sont dérangés. Lui, est venu avec sa mère. Ces «pourris», ces «tordus», ces «rois de la jungle» et autres épithètes insultantes désignent les «matons», dans le témoignage qu'il a fait de son long séjour dans cet établissement (1). Patrick Dils y est resté détenu de juin 1991 à avril 2002, condamné à perpétuité pour le meurtre de deux enfants, avant d'être innocenté grâce à la ténacité d'un avocat, Jean-Marc Florand.

«Ecoeurant». Noël 1992, il a 20 ans, et pleure dans sa cellule. Un détenu le prend dans ses bras. La scène est surprise par un «maton», qui va «raconter l'histoire à tout le monde». «Décidément, les surveillants se croient tout permis ! La rumeur, c'est d'abord eux qui la colportent. Ils n'ont aucun respect pour les détenus.» C'est, page 126, le premier des six passages diffamatoires du livre, selon le personnel pénitentiaire. Ailleurs dans le récit, certains surveill