C'est une histoire d'esclavage ordinaire, qui commence par des promesses et s'achève sur un déni de justice. Son épilogue tient dans un courrier du Quai d'Orsay daté du 9 février adressé au Comité contre l'esclavage moderne (CCEM). Y est «arrangé» le cas de Pemasiri Gamage Don, Sri-Lankais de 46 ans, atterri en France en février 2003 dans les bagages d'un chef de mission de l'ambassade du Sri Lanka.
Le CCEM savait l'affaire délicate. Selon un rapport du Conseil de l'Europe, 20 % des esclavagistes domestiques en France jouissent de l'immunité diplomatique. Sur les 426 dossiers répertoriés par le Comité entre 1998 et 2004, les employeurs bénéficiaient d'une immunité diplomatique dans 23 % des cas. La convention de Vienne de 1961 impose certes au personnel diplomatique de respecter les lois du pays dans lequel ils officient. Mais cette règle étant sans sanction, l'impunité est totale.
Quand, début 2003, un diplomate sri-lankais, beau-frère d'un ami du village, offre à Pemasiri Gamage Don de le suivre en France comme «aide ménager», ce dernier croit en sa bonne étoile. Son travail d'homme d'entretien dans un resto chinois ne lui rapporte que 12 000 roupies par mois (130 euros). Le job qu'on lui promet en France relève du jackpot : 770 euros mensuels pour 35 heures par semaine, congés payés en sus. Il tope là. A son arrivée, en février 2003, il signe sans réticence le contrat de travail que le Quai d'Orsay propose au personnel privé des diplomates, satisfait d'entrer au service d'u