Tribunal correctionnel de Troyes
Il se frotte les mains. C'est difficile, elles sont menottées dans le dos. Ainsi comparaît Sébastien, 25 ans, à la barre, entre deux policiers et sans avocat. Déjà détenu pour recel, Sébastien est poursuivi pour avoir tenté, il y a un an et demi, de s'introduire chez une femme. La femme n'était pas là. La présidente lit : «De sa fenêtre, elle vous voit dans sa cour essayant d'en sortir.» Sébastien raconte : «J'allais chez une copine à côté, je me suis trompé...» La juge poursuit : «Le soir même, elle est dans sa douche, entend un bruit, vous étiez sur le seuil de sa porte... Et vous avez dit vous être encore trompé...» Sébastien affirme : «Je cherchais mon téléphone que j'avais oublié, je me suis trompé de porte.» La procureure réclame quatre mois de prison «pour un garçon plusieurs fois condamné, qui veut faire croire à une histoire rocambolesque et n'a même pas le courage d'assumer ses actes». Les mains attachées s'agitent dans le dos : «J'ai dit vrai, et quatre mois, c'est un peu beaucoup !» Plié en trois minutes. Quatre mois. Les policiers amènent Mehdi, 28 ans, détenu à Clairvaux. Lui, on le démenotte. Le jour de son arrivée à Clairvaux, il a passé un bout de pain à un codétenu. «Dedans, il y avait 0,15 gramme de résine de cannabis», lit le juge. Mehdi nie : «C'était pas à moi ! J'ai été fouillé au départ de la maison d'arrêt de Reims et à mon arrivée à Clairvaux ! Un gars m'a donné le pain, pour le passer à un autre !» La jeune procureur