L'affaire du corbeau de Clearstream a non seulement semé la zizanie au sein de l'état-major du géant européen de l'aéronautique EADS (Camus contre Forgeard) et du gouvernement français (Villepin contre Sarkozy), mais encore au sein des services secrets français. Au milieu, Imad Lahoud fait figure de punching-ball. Libanais, normalien, parfois présenté comme «un génie des mathématiques comme il en existe deux ou trois au monde». Pour le meilleur et pour le pire.
Son fonds d'investissement spéculatif, basé sur une mise en équation des marchés financiers, a fait faillite, ce qui lui a valu une mise en examen en 2002 (et trois mois de détention provisoire). Mais sa science de la cryptographie intéresse beaucoup de monde, à commencer par les services d'espionnage et de contre-espionnage.
Bidonné. C'est à la demande des autorités françaises, début 2003, qu'il se serait intéressé à Clearstream, chambre de compensation par laquelle transitent la plupart des flux financiers internationaux et qui surtout en assure la traçabilité. Non pas pour dénicher un quelconque financement politique occulte, comme le suggérera un corbeau en mai 2004, mais pour traquer les filières Al-Qaeda. Le fruit de son «travail» est remonté à qui de droit, la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et la DST (Direction de la surveillance du territoire). Puis a ressurgi un an plus tard sous la forme d'un CD-Rom bidonné ne serait-ce que parce qu'il mentionne une liste de personnalités ayant un compte