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Libération

Grraou, le squat de quartier qui refuse de ronronner

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A Montpellier, des jeunes ont transformé un vieil immeuble en lieu de vie.
publié le 10 juin 2005 à 2h33

Montpellier de notre correspondant

Ils ont un nom à faire peur mais des bouilles d'agneaux inoffensifs : Grraou ­ pour Grand Refuge révolutionnaire anarchiste ouvert à l'unanimité. «En fait, précise tout de suite Joan, le mot révolutionnaire est un peu exagéré. Nous sommes plutôt libertaires, avec un grand désir de vie commune et conviviale.» Joan a 25 ans, il est étudiant en sciences politiques à l'université de Montpellier. Comme Judith et Quentin. Avec Colas et quelques autres, ils squattent depuis janvier un immeuble désaffecté dans une ruelle du vieux Montpellier. Au-delà du logement, leur idée est d'en faire une sorte de maison populaire de quartier «pour renouer avec des formes de solidarité qui disparaissent». «Un lieu accueillant pour ceux qui ne veulent pas rester isolés, séparés les uns des autres.» Un lieu enfin qui réponde aussi aux besoins des sans domicile fixe, qui «transhument» l'été en direction du soleil. A Montpellier, notamment. Pour toutes ces raisons, les Grraou sont bien décidés à se battre pour éviter qu'on les déloge.

Précaires. C'est Judith qui raconte : «On vit tous depuis des années avec des revenus extrêmement faibles. Joan n'a absolument rien, Colas court les boîtes d'intérim comme manoeuvre sur des chantiers, et Quentin et moi sommes boursiers sur critères sociaux, avec 380 euros mensuels pendant neuf mois. Avant, on vivait hébergés chez les uns ou chez les autres, ou même dans des fourgonnettes. Un jour, une copine nous a parlé de cet immeuble