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Libération

«L'audience n'est pas faite pour se bécoter»

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publié le 13 juin 2005 à 2h35

Tribunal correctionnel de Marseille

La juge questionne Jean-Baptiste, 23 ans, un grand blond : «Pouvez-vous indiquer la nature de la peine que vous purgez ?» Jean-Baptiste roule des yeux effarés : «De quoi ??» «Pourquoi êtes-vous en prison ?» traduit la juge. «Ah ! J'ai pris huit ans pour vol à main armée.» Il y a un an, à la prison des Baumettes, les surveillants ont trouvé un téléphone portable dans la poche de son peignoir : «Il était pas à moi. Je me l'étais procuré pour appeler ma femme qui accouchait, et ça ne se passait pas bien...» La juge lève les yeux au ciel : «Allons ! Vous étiez en détention provisoire dans une affaire criminelle. Alors n'allez pas faire croire au tribunal que vous ne saviez pas que c'est interdit de téléphoner !» Jean-Baptiste gémit : «C'est pas ça ! Si je dis à qui appartient le portable, ma vie est en danger !» Et la juge approuve : «Voilà, c'est donc que vous connaissiez les risques !» Le procureur ajoute : «C'est plus grave encore quand on est dans une affaire criminelle ! On peut appeler sa copine, mais on peut aussi perturber l'enquête ! Si vous montez à quatre mois, je ne serais pas choqué !»

Jean-Baptiste n'a pas d'avocat : «Il devait venir, il n'est pas là, je ne sais pas ce qui lui a pris ! Et moi, on m'attrapera plus jamais avec un portable !» La présidente sourit : «Vu votre peine, vous allez partir en centre de détention... Là vous pourrez téléphoner de temps en temps !» Quatre mois.

Et voilà Jamel, 42 ans, cheveux gris, détenu à Gras