Nantes correspondance
L'Espérance est inaccessible. Une grille cadenasse l'entrée de cette clinique nantaise désaffectée que des militants défendant des sans-papiers kurdes et guinéens veulent investir. C'est l'urgence : avant le 14 juillet, près de 600 demandeurs du droit d'asile, femmes, hommes et enfants, soit 140 familles sans papiers, ou en espoir de régularisation, seront à la rue faute de financement pour leur garantir un hébergement en hôtels, HLM et foyers spécialisés. Beaucoup sont là depuis des années. Nés en France, des enfants ne sont pas expulsables.
«Traque». Albert Jacquard, Mgr Gaillot et Michel Tubiana, ex-président de la Ligue des droits de l'homme, sont au milieu de la rue. «On a lancé une traque contre des femmes, des enfants, des familles qui n'ont commis aucun crime, qui ont juste fui des dictatures, des situations invivables, dit Michel Tubiana. L'étranger est vu avant tout comme un fraudeur potentiel, ce qui annonce une campagne présidentielle brandissant l'épouvantail de l'immigration. Contre cette politique xénophobe, il faut appeler à une insurrection des consciences, interpeller les citoyens, pas les autistes du gouvernement.» «Ce qui fait de nous des êtres humains vient de ceux qu'on rencontre, principalement ceux qui ne nous ressemblent pas. On est loin du compte quand on parle de quota», dit Albert Jacquard.
Un peu perdu, Salim attend. Venu de Guinée-Conakry en 2002, il vient d'être débouté de sa demande d'asile. «J'ai 26 ans, une fille de 2 ans