Voilà comment une question nationale au bac peut se transformer en épreuve de conscience, si l'on en croit l'association Droit de naître. Ce groupuscule catholique intégriste demande l'annulation de l'épreuve anticipée de sciences de la vie et de la terre (SVT), que les lycéens de première en section littéraire ont passé le 6 juin. Sur le thème «maîtrise de la reproduction», un exercice leur demandait d'analyser un court article de presse qui tirait les conséquences des trente ans d'application de la loi Veil sur l'avortement : «a) A l'aide du document 4, dégager des arguments en faveur de l'autorisation légale de l'IVG en France. b) Argumenter l'idée selon laquelle l'avortement n'est pas considéré comme un moyen de contraception.» L'énoncé, comptant pour deux points sur un total de vingt, a déclenché les foudres de Droit de naître, qui voit là l'obligation pour le lycéen de devenir «le piètre avocat d'une cause antinaturelle» et la mise en place par l'Education nationale d'une «sélection sur la base d'orientations idéologiques».
Au ministère, on soupire : «Ils ont mal lu l'énoncé. On ne demande pas aux élèves s'ils sont pro- ou antiavortement... C'est seulement un argumentaire de texte.» La croisade associative ne trouve pas plus de résonance au diocèse de l'enseignement catholique. «Le sujet a ému élèves et parents. Quand on a 17 ans, c'est difficile d'avoir du recul sur le sujet, estime Jean-François Canteneur, directeur adjoint du diocèse. Mais il y avait une autre questi