Tribunal correctionnel de Marseille
Tunique fuchsia, broche dans les cheveux, Audrey, 25 ans, a quatre enfants : «Un est placé, un chez ma mère et deux autres sont avec mon mari.» Audrey est en prison pour extorsion de fonds : «Vous purgez également trois mois et un sursis révoqué de quatre mois, vous avez aussi quelques antécédents de vols», souligne le président. Du public montent des bavardages et, de son ton sec, il ordonne : «Messieurs du service d'ordre, vous faites sortir immédiatement quiconque se manifeste ! Ce n'est pas une salle de classe ici !» Il se tourne vers la jeune femme : «Comment expliquez-vous votre parcours ?» «J'étais jeune, je faisais beaucoup de conneries...» et il enchaîne : «Jeune, certes, mais en 2000 vous aviez déjà un enfant !» Il lit l'expertise psy : «Carences affectives, notamment paternelles, car son père a connu la prison. Nombreuses agressions contre elle-même, porte des cicatrices aux membres et à l'abdomen. En détention, elle est rassurée par des tranquillisants et par les visites du père de ses enfants...» Il y a un mois, à la prison des Baumettes, «vous étiez dans un état semi-comateux, après une tentative de suicide, rapporte le président, vous attendiez votre transfert à l'hôpital sur un brancard, une surveillante a voulu vous enlever votre paquet de cigarettes, vous lui avez crié "me touche pas, salope, va niquer tes morts !"». Audrey lui a aussi craché dessus, filé deux coups de pied, tiré les cheveux. Et, dans son vagin, on a tro