Franck Frégosi est chercheur au CNRS, chargé de cours à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence et responsable scientifique de la base de données Eurislam qui regroupe les données bibliographiques relatives à la situation contemporaine de l'islam et des musulmans en Europe occidentale. Il analyse les résultats du premier tour, hier, de la réélection du Conseil français du culte musulman (CFCM).
L'élection d'hier signe-t-elle la victoire de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, proche du Maroc) et la défaite de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) ?
Arithmétiquement parlant, cette élection confirme l'hégémonie de l'islam marocain sur l'islam de France. La Mosquée de Paris (proche de l'Algérie, ndlr) ne pouvait pas faire pire qu'en 2003, elle s'est un peu remplumée. Quant à l'UOIF, avant de parler d'une défaite, il faut se montrer prudent. Dans certaines régions comme l'Alsace ou Rhône-Alpes elle résiste bien. Il est vrai qu'elle perd des sièges au conseil d'administration du CFCM, ce qu'elle a du mal à digérer, mais ne l'enterrons pas trop vite !
Par ailleurs, ces scores sont également le résultat de stratégies d'union. En Alsace et en Auvergne, la Mosquée de Paris a fait liste commune avec le Milli Gorüs, alliance déroutante entre une mosquée censée représenter un islam «voltairien» et un courant orthodoxe lié à l'islam politique turc. La FNMF a joué la carte marocaine à fond et bénéficié notamment du trava