Menu
Libération

Coups et insultes au «pays de Montaigne»

Article réservé aux abonnés
Brice Petit, enseignant à Carpentras, est jugé pour avoir défendu un passant violemment battu par la police.
publié le 24 juin 2005 à 2h43

Montpellier de notre correspondant

C'est la parole de policiers contre la parole de professeur. Version des policiers : lors d'une intervention, vers 23 heures, pour séparer trois hommes en train de se battre dans une rue passante de Montpellier, un spectateur serait intervenu, et leur aurait hurlé à la figure : «Vous êtes des nazis, des SS, des racistes antisémites, retourne à l'école, tu es un facho !» Version du spectateur ­ Brice Petit, professeur agrégé de lettres dans un lycée de Carpentras ­ : il sort d'un restaurant avec un ami, entend des cris, voit un attroupement, s'approche, et découvre plusieurs policiers en train de s'acharner sur un homme maîtrisé au sol, les mains menottées, et la figure «baignant dans une mare de sang». Parmi les badauds, interloqués, personne ne réagit. Lui s'avance, et leur demande d'arrêter de maltraiter l'homme à terre : «Dans le pays de Montaigne et de Voltaire, il est indigne de traiter ainsi un être humain !» L'enseignant se retrouve embarqué au poste, passe douze heures en garde à vue, après avoir subi l'humiliation de la fouille au corps.

Une année après les faits, il comparaissait devant le tribunal de Montpellier pour «outrage à personnes dépositaires de l'autorité publique». Les trois policiers plaignants se sont présentés escortés de quatre collègues présents ce soir-là. Eric, membre de la BAC (brigade anticriminalité), tournait le dos à la scène. Il a cependant entendu le mot «facho», mais «pas d'autres insultes». Laurence, de l'