Elle était là, comme une invitée sans carton. De temps en temps, on la voyait, au détour d'une phrase, d'un silence. Pendant trois semaines, elle a plané comme une ombre. L'Afrique. Au procès du père Lefort, condamné vendredi soir à huit ans d'emprisonnement, pour agressions et viols sur mineurs, le continent a fait irruption au tribunal de Nanterre. Une Afrique de clichés, d'impressions.
Ça a commencé, comme dans un album de Tintin à Dakar, par l'évocation d'animaux et d'objets. Des singes, décrits par Lefort comme des portiers de nuit signalant les allées et venues dans un hôtel du bord de mer où il aurait abusé d'un enfant. Une chèvre au milieu d'une «infirmerie en construction», ce qui obligeait le prêtre à soigner parfois dans sa chambre. Un pont «immense» à Saint-Louis, gage de l'affabulation d'un témoin, selon Me Issa Diaw, du barreau de Dakar: «C'est comme si vous allez à Paris sans apercevoir la tour Eiffel.»
Les questions de la présidente Sabine Foulon ont détendu l'audience. Du «il y a beaucoup de bêtes, là-bas ?» au «vous avez la télé au Sénégal ?» en passant par ce commentaire vis-à-vis d'une des victimes : «Il n'a pas compris la subtilité de la question.» Tutoiements, confusion des identités. La présidente n'a pas épargné Moussa Sow, le directeur du foyer des enfants, lui donnant du Moussa «Cho».
Intimidés. «Colonialisme !» a lâché un avocat, excédé, lors d'une interruption d'audience. Comme en réponse, un témoin a expliqué benoîtement à la barre : «Vous savez, da