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Libération

«Votre tire-bouchon fait aussi couteau!»

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publié le 27 juin 2005 à 2h45

Tribunal correctionnel de Paris

Un bébé crie au fond de la salle. «Les enfants ne sont pas autorisés ici, vous sortez, merci», ordonne le président en ouvrant un nouveau dossier. Karim, libanais, a 21 ans et travaille «sur les marchés», Mohamed, 24 ans, algéro-marocain, s'est marié en France, «à la maison». «Ce qui, pour nous, ne compte pas », ponctue le juge. Déjà condamnés, ils sont poursuivis pour vol avec violence et violation d'une interdiction du territoire. «Acceptez-vous d'être jugé aujourd'hui ?» enchaîne le juge. «Si vous ne me condamnez pas...», commence Karim. «On n'est pas en train de marchander un tapis, là !» coupe le juge, et Mohamed acquiesce : «Condamnez-moi aujourd'hui !» L'avocate leur parle tout bas. «Maître, si vous voulez, je vous cède ma place ! s'exclame le juge, Faites vos interventions à haute voix !» «J'étais sous médicaments, je dormais , j'ai rien fait !» clame Mohamed. «J'ai complètement perdu la mémoire avec les médicaments !» renchérit Karim. Le juge sourit : «Vous pouvez donc avoir commis l'agression et ne vous souvenir de rien ...» Le plaignant, 23 ans, absent, a déclaré : «Je marchais, ils m'ont mis un couteau sur les reins et ont menacé de me planter...» Le juge : «Qu'a-t-on trouvé dans votre poche ?» Karim fait signe de déboucher une bouteille. «Eh oui ! Mais votre tire-bouchon fait aussi couteau !» Le juge poursuit sa lecture : «Ils m'ont fouillé, ont pris mon argent, ma carte bancaire et mon portable...» Il relève la tête : «Et que trou