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Libération

Un havre pour les élèves meurtris

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Les maisons familiales et rurales accueillent des jeunes dégoûtés du scolaire et leur proposent un enseignement fondé sur l'autonomie et la confiance.
publié le 2 septembre 2005 à 3h31

Charlie, 15 ans, n'a jamais oublié cette institutrice de CM1 qui «criait tout le temps au lieu d'expliquer», reléguant ceux qui ne suivaient pas au fond de la classe. «Personne ne la voulait comme instit, c'est tombé sur moi. A cause d'elle, très vite, je n'avais plus du tout envie d'aller à l'école.» Après une fin de cycle primaire laborieuse, l'adolescent entre au collège, mais «ça n'allait pas du tout. Sauf en français, parce que la prof était toute petite alors elle m'impressionnait moins». A la fin de la cinquième, Charlie est orienté vers une maison familiale et rurale (MFR). Il vient d'y faire sa rentrée en quatrième pour suivre une formation en alternance, composée de stages professionnels.

Les maisons familiales et rurales sont de petites structures (150 élèves en moyenne) où «le regard posé sur les élèves diffère radicalement», explique Jean-Francis Bister, directeur d'une MFR en Touraine. Le regard, mais aussi les allées et venues, le temps pass en classe ou à l'extérieur : ici, tout conduit à l'autonomie. Familier des élèves meurtris par le système classique d'enseignement, le directeur sait que ces adolescents partagent un sentiment d'échec, une perte de confiance en soi, et la certitude que l'école n'était vraiment pas faite pour eux.

Kelly, 15 ans, a redoublé dès le cours préparatoire : «La maîtresse avait des préférés. Quand je levais la main, elle ne m'interrogeait jamais. Mes notes étaient de plus en plus faibles, je n'arrivais pas à me rattraper.» Au collège