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Libération

Un film brise l'omerta sur les mamas proxénètes africaines

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Le documentaire d'un Franco-Camerounais dévoile le fonctionnement des filières.
publié le 9 septembre 2005 à 3h37

Ce film est une bombe. Ça ne saute pas aux yeux, on pense d'abord qu'il s'agit d'un documentaire comme d'autres. Les Filières africaines de la prostitution (1) est né d'un défi lancé par l'écrivain Gaston Kelman (2) : «Puisque vous avez tous fréquenté des écoles de Blancs, que vous avez la même culture, les mêmes armes, faites donc un sujet sur les Noirs avec les techniques des Blancs.»

Assassinat. Ça donne un ton totalement décalé. On voit de hauts fonctionnaires français qui n'ont pas saisi que les Noirs venus les interroger sont des professionnels de médias occidentaux. Les Africain(e)s racontent sur un ton monocorde des histoires à hurler ou à dormir debout. Un flic confirme les pratiques de sorcellerie, les jeunes filles vendues par leur famille. Celle qui témoigne à visage caché au début du documentaire a été assassinée d'un coup de couteau lors d'un rendez-vous avec les réalisateurs, un soir de février 2005 dans le quartier parisien de Château-Rouge, sans doute par un des hommes chargés de la surveiller. Tout le monde a vu, mais personne n'a témoigné. Pas de trace, juste les images des pompiers et de la police. Adèle avait 21 ans, pute ivoirienne sans papiers, la police n'a pas enquêté. Le documentaire s'est poursuivi malgré la mort d'Adèle, avec ce poids et ce remords sur les épaules de l'équipe. Avec la peur, également. Des représailles physiques, et de plus en plus pesantes, les accusations de trahir les combines et les secrets des «frères et soeurs» d'Afrique, de «