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Libération

Les harkis ont le fils du général dans le nez

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Philippe de Gaulle comparaissait pour propos diffamatoires contre ces Français musulmans.
publié le 10 septembre 2005 à 3h37

Montpellier correspondance

L'histoire de l'Algérie s'est rejouée jeudi à Montpellier, alors que l'amiral Philippe de Gaulle comparaissait devant le tribunal correctionnel pour des propos jugés diffamatoires par trois anciens harkis, ces Français musulmans qui servirent d'auxiliaires à l'armée française lors de la guerre d'Algérie. Dans une interview parue en avril 2004 dans le quotidien régional Midi libre, le fils du général, qui venait de publier le deuxième tome de ses propres mémoires (De Gaulle, mon père, chez Plon), s'était élevé contre ceux qui accusent son père «d'avoir abandonné les Français d'Algérie». Avant d'ajouter : «Et puis tout le monde ne voulait pas partir, comme ces cent mille harkis qui ont rejoint l'armée algérienne.»

Philippe de Gaulle, 84 ans, ne s'est heureusement pas présenté à la barre : malgré l'important dispositif policier, le vieil homme aurait eu du mal à faire face à la centaine de harkis, pieds-noirs, anciens officiers, et autres militants d'associations de rapatriés, venus en force soutenir les leurs.

Avant l'ouverture de l'audience, un ancien commandant dans l'OAS distribuait à chacun une feuille gratifiant le père du prévenu de «tricheur machiavélique», responsable de «la guerre civile franco-française dès 1940», et «complice du FLN arabo-islamiste». A l'intérieur de la salle, les propos sont restés plus mesurés. Cité comme témoin par l'accusation, Joseph Hattab Pacha, le dernier maire français d'Alger, s'est contenté de sobrement raconter ­