Pierre Mériaux, membre du bureau national du syndicat SNU travail-emploi-formation et inspecteur du travail à Grenoble, réagit à l'injonction du ministre de l'Emploi.
Par le biais du travail au noir, le ministre de l'Intérieur vous demande de poursuivre les sans-papiers sur les lieux de travail. En quoi êtes-vous choqué ?
Cette circulaire bafoue les traditions républicaines les plus établies et les conventions internationales protégeant les inspecteurs du travail. Des deniers, faut-il le rappeler, dépendent de la convention 81 de l'Organisation internationale du travail, et non pas des préfets. Nous maintenons que les salariés sont les victimes qu'il faut protéger. De plus, il est choquant de voir associer immigration clandestine et travail illégal. Car c'est une contre-vérité flagrante, détournant la réalité constatée par les services officiels. Selon les dernières statistiques de la Dilti (Délégation interministérielle à la lutte contre le travail illégal), seules 7,1 % des infractions pour travail illégal ont concerné des étrangers sans titre en 2001. Et même la PAF (police aux frontières), pourtant spécialisée, ne relève ce délit que dans un quart de ses procédures.
Vous considérez cette circulaire comme une attaque à votre indépendance ?
Régulièrement, le ministre de l'Intérieur tente d'accaparer la lutte contre le travail illégal en la traitant comme une délinquance semblable aux autres. Il est hors de question d'accepter de se voir transformer en force annexe de la Place