La loi dite Kouchner vient de prendre un sérieux coup dans l'aile. Depuis 2002, elle prévoit la suspension d'une peine de prison pour les détenus dont «le pronostic vital est engagé» ou dont «l'état est incompatible avec la détention». C'est ainsi que Didier Tallineau, condamné deux fois pour meurtre en 2001 et 2002 à trente ans de réclusion, fut remis en liberté le 8 décembre 2004. Il était atteint d'un cancer de la plèvre, et les experts avaient estimé qu'il n'en avait plus pour longtemps. «Choquées», les familles de ses deux victimes avaient alors saisi le garde des Sceaux. Un choc aggravé par l'installation du condamné chez ses parents, à quelques kilomètres du domicile des parents de sa première victime.
«La loi Kouchner, qui était à l'origine humanitaire, devient dans ce cas une provocation envers les victimes», assurait Me Yves-Noël Gentyl, pour la famille. Dominique Perben, alors ministre de la Justice, avait donc, fin janvier, demandé une nouvelle expertise médicale. Confirmation : le pronostic vital était «engagé». Les avocats des familles de victimes avaient multiplié les déclarations indignées. Et le nouveau garde des Sceaux, Pascal Clément, a redemandé une expertise, voulant s'assurer «que cet homme a un pronostic vital aussi gravement menacé que l'ont dit les premiers experts».
Cette fois, les experts ne sont plus aussi sûrs d'eux. Le pronostic vital ne peut être «ni confirmé ni exclu de manière définitive». Et «l'état de santé du sujet est compatible avec la dét