Alvaro Gil-Robles, commissaire européen aux droits de l'homme, vient de passer seize jours en France. C'est le trente-deuxième pays d'Europe (et dernier, car son mandat prend fin) dont il visite les lieux de «privation de libertés» hôpitaux psychiatriques, prisons, centres de rétention, etc. Après ses observations au gouvernement sévères , il rédigera pour fin novembre son rapport, témoin des faits et lieux qu'il a vus lui-même.
Que retenez-vous de votre visite à la prison des Baumettes à Marseille ?
C'est un endroit répugnant ! Des travaux y sont prévus, mais le problème est le nombre de personnes qui y sont incarcérées et je doute qu'on puisse jamais en faire un lieu normal, même en y mettant des milliards. Les gens y sont très excités et c'est normal, entassés comme ils sont ! J'ai été aussi très frappé par la quantité de prisonniers atteints de problèmes psychiatriques. Ce sont des malades et on ne peut ignorer leur droit à être soignés ni les problèmes que cela pose au personnel. Il faut des établissements adéquats où ces malades soient traités dignement. Il faut être clair et net, être en prison, c'est être privé de liberté, et non pas vivre dans un lieu indigne d'êtres humains. Dans ces conditions, les gens sortent de là pires qu'ils n'y sont entrés, pleins de haine contre une société qui les a traités de la sorte. L'intérêt collectif commande que la prison rende possible une réinsertion sociale. La sécurité n'est pas seulement la répression, c'est aussi le respect