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Libération
Interview

«Les séminaristes ne crient pas sur les toits leur homosexualité»

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publié le 24 septembre 2005 à 3h49

Charles Bonnet a été supérieur des séminaires de Saint-Irénée à Lyon (Rhône) et d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Il réagit à la prochaine publication par le Vatican de recommandations visant à barrer l'accès à la prêtrise des séminaristes manifestant des tendances homosexuelles.

L'homosexualité pose-t-elle un si grand problème à l'Eglise catholique qu'il faille renforcer le contrôle de la sexualité des futurs prêtres ?

Je n'ai pas lu ce texte mais je peux dire ce qu'on fait dans les séminaires. Quand on dit «personnes homosexuelles», cela veut dire quoi ? On risque de mettre sous le mot homosexuel des réalités différentes. Dans les séminaires, on voit arriver de tout : des gens qui ont eu une adolescence troublée mais chez qui les choses se sont remises en place même si cela a pu laisser des traces, des gens qui se rendent compte qu'ils ont une attirance masculine mais que cela ne perturbe pas profondément, des gens qui ont une vie homosexuelle active. Le risque de tous ces textes est de ne pas préciser à quel niveau on se situe. La charte des séminaires français de 1996 prévoit déjà que les personnes ayant des tendances homosexuelles foncières ne doivent pas être admises au sacerdoce. Je crains qu'un nouveau texte n'apporte guère plus. Quand on est responsable de séminaire, on sait que l'on peut avoir des candidats ayant ce type d'orientation sexuelle, on n'est pas naïf, on n'est pas indifférent non plus à la façon dont les gens vivent leur sexualité ­ je ne parle pas