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Libération

Les vieux campeurs refusent de décamper

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A Tourmignies, d'anciens ouvriers se révoltent contre l'évacuation du site.
publié le 26 septembre 2005 à 3h49

Lille correspondance

A Tourmignies, dans la campagne lilloise, un vieux camping est en train de céder la place à un «projet de développement touristique». Les campeurs, ouvriers à la retraite, sont priés de laisser la place aux autres, citadins qui auront les moyens de louer pour le week-end de charmantes cabanes perchées dans les arbres. «C'est le pot de terre contre le pot de fer. On perd tout», pleure un vieux couple.

Derrière les haies de thuyas bien taillées qui encadrent leur emplacement, Michel, 70 ans, et Marcelle, 67 ans, trente-cinq ans de présence, sont catastrophés. «Notre mobile home est trop vieux, on va devoir le laisser sur place, plus aucun camping n'en veut, passé dix ans. Nous ne pouvons pas nous permettre d'en racheter un, même d'occasion. On s'est renseignés, c'est 15 000 euros.» Michel secoue la tête: «C'est une belle saloperie». Il parle des rosiers qu'il n'a plus le coeur de soigner. Sa femme explique, émue : «L'hiver, avant, ça passait vite, dès le mois de mars, on préparait les paquets pour venir ici, et on repartait en octobre. Maintenant, nous allons rester à l'appartement. Pourtant, on est mieux au grand air. C'est un changement de vie, je peux vous dire qu'on en a passé des nuits blanches à essayer de trouver une solution.»

Questionnaire. Debout dans leur mobil home impeccable, à la déco années 70, tons grèges et marron, ils se souviennent. Michel travaillait dans une usine de fermetures à glissière et, tous les soirs pendant la belle saison, à la