«Je veux qu'on me fasse justice.» Naouel Chliah ne décolère pas. Son frère Ridouane lui avait demandé d'être témoin à son mariage, le 10 septembre, à Morez dans le Jura. Parce qu'elle porte le foulard islamique, l'officier d'état civil le lui a interdit. «Quand nous sommes arrivés dans la salle des mariages, j'ai voulu aller m'installer sur le siège du témoin ; la secrétaire de l'état civil m'a dit : "Si vous voulez être témoin, il faudra retirer votre voile."» Je lui ai dit : "Comment ça ?" Elle m'a dit que le code civil l'interdisait. Je n'ai pas voulu faire de scandale le jour du mariage de mon frère. Il ne fallait pas que les invités se rendent compte de quelque chose. J'ai fait profil bas. J'ai demandé à ma soeur Amel de me remplacer.» Amel n'a pas sa carte d'identité avec elle, document pourtant obligatoire pour pouvoir être témoin. «C'est pas grave, vous l'apporterez plus tard», aurait déclaré, selon les deux soeurs, l'officier d'état civil.
A la fin de la cérémonie, Naouel Chliah réclame des explications. «J'étais énervée, je pleurais, j'ai dit à l'officier d'état civil : "Montrez-moi cette loi." Elle m'a dit : "Revenez mardi." En fait, elle n'a pas pu me montrer de loi parce qu'elle n'existe pas. Elle a fait sa propre loi.» Depuis, Naouel Chliah dit avoir déposé plainte pour discrimination religieuse et saisi le Collectif contre l'islamophobie en France, très actif dans ce genre d'affaires. «J'ai subi une discrimination, je vais prendre un avocat et faire le nécessai