Menu
Libération
Série

«Moi je dis tout simplement : "Ni hérisson, ni paillasson"»

Article réservé aux abonnés
Cité dans le texte. Chaque mardi, des habitants de Grigny prennent la parole, sous l'oeil de Samuel Bollendorff, dans Libération et sur le site web du journal.
publié le 27 septembre 2005 à 3h51
(mis à jour le 27 septembre 2005 à 3h51)

Zaïra, 47 ans, médiatrice socioculturelle et mère de deux garçons de 25 et 23 ans. Militante socialiste, elle habite la Grande-Borne depuis une vingtaine d'années.

«Dans ma vie, il y a une double immigration. Je suis née à Marseille de parents algériens mais j'ai émigré vers Paris, capitale de la culture, musée à ciel ouvert. J'avoue que j'ai beaucoup déchanté quand je suis arrivée en région parisienne. La culture, ce n'est pas donné à tout le monde. J'ai fait plus que transmettre mes racines à mes enfants. Je voulais qu'ils découvrent tout. Moi, il me manquait la connaissance de la langue arabe, de mon patrimoine culturel, de ma religion musulmane, de mes traditions. A un moment, j'ai pris mes enfants et je suis partie vivre en Algérie. Donc, le bain, je le leur ai donné en vivant le pays. C'était un choix. Je m'étais donné quelques années pour ce retour. C'était une tentative. J'espérais. On m'a tellement bassinée : "L'Algérie, c'est un beau pays, il y a tout à y faire, tout à construire. L'Algérie a un avenir." Malheureusement, la démocratie, je ne l'ai pas vraiment sentie là-bas ; la misère, je l'ai touchée, même si c'est un pays producteur de pétrole, riche, qui a toutes les capacités d'être demain un pôle, phare ouvert vers l'Europe, le Moyen-Orient, l'Asie. Moi, j'ai senti quand même un peu d'enfermement et de désespérance.

Je suis revenue en France parce que là-bas, ce n'était pas chez moi. Chez moi, c'est ici, avec mes amis. Je suis quand même revenue enrichie de cett