Le souvenir auquel s'était habitué le quartier Balzac tenait sur une plaque de marbre noir, apposée près du bâtiment H. «A la mémoire de Sohane. Pour que garçons et filles vivent mieux ensemble dans l'égalité et le respect. Sohane Benziane 1984-2002.» Hier, une deuxième plaque a été officiellement inaugurée, et personne ne sait si le quartier la supportera. Elle délivre le même hommage, à trois mots près : «morte brûlée vive».
Il a fallu trois ans pour que la famille, les associations féministes et la municipalité parviennent à ce compromis d'une double stèle. C'est contraint et forcé que le maire communiste de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) a cédé : «L'horreur du drame ne serait pas moindre si elle avait été brûlée à l'acide, poignardée ou étranglée», se fâchait Alain Audoubert dans un courrier adressé en février dernier à Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF). «Sohane n'est pas morte dans un accident de voiture, ni d'un cancer», ont répondu hier ses deux soeurs aînées. «Quand on rend hommage à un résistant, on écrit qu'il est mort fusillé», estime Annie Sugier.
Sohane Benziane est morte le 4 octobre 2002, à l'âge de 17 ans, en bas du bâtiment H, sous les yeux de dizaines d'enfants qui sortaient de classe. Ils ont vu une torche courir sur la pelouse et l'ont entendue hurler. Elle habitait la cité Bourgogne, et son meurtrier présumé, un jeune homme de 19 ans, lui avait interdit de rendre visite à ses amies de la cité Balzac. Il l'avait d