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Libération

Outreau : étrange remake aux assises de Paris

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Lecture, hier, de l'acte d'accusation de Saint-Omer, pourtant dépassé.
publié le 8 novembre 2005 à 4h28

Il est debout à la barre, accusé d'atteintes sexuelles sur deux enfants des voisins dans une HLM du Boulonnais. Il risque quatre ans, dont trois fermes. Il a 33 ans, il nettoie les gares pour 540 euros par mois. C'est le genre de dossier que les tribunaux correctionnels charrient avec accablement, des audiences entières, entre un trafic de drogue et un autre de portables.

Il dit : «Je m'appelle Thierry Dausque» et rien n'est plus normal. Avec les mêmes faits pour le même homme, on est devant les assises de Paris, il y a des avocats de renom, une tente spéciale pour la presse et le procès durera un mois. C'est l'affaire d'Outreau jugée en appel. «Et vous allez mieux ?» demande la présidente, Odile Mondineu. Dausque : «Ben ouais.» C'est parti. Le 3 novembre, démarrage officiel, les débats furent suspendus avant même d'être ouverts : une pneumonie clouait Dausque à l'hôpital. Ils ont donc commencé hier.

D'entrée, la procédure va grignoter deux jours mais, curieusement, le détour en vaut la peine. Ce dossier où tout s'est emballé ressemble à un jeu de construction en folie, où plus aucune pièce ne s'emboîte avec l'autre. Le parquet s'est en effet abstenu de faire appel, décision rare lorsque les accusés le font. Les six d'Outreau qui retournent dans le box ne pourront donc être condamnés à des peines supérieures à celles fixées à Saint-Omer. Or les charges retenues contre quatre d'entre eux (dont Dausque) ne devraient plus relever que de la correctionnelle. Ils resteront pourtant