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Série

Une colère noire

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La relaxe de l'humoriste, banni des scènes, et la condamnation, sans conséquences, de l'animateur Marc-Olivier Fogiel: un deux poids- deux mesures qui constitue aux yeux des Noirs la preuve du racisme latent en France.
publié le 9 novembre 2005 à 4h28

Tous les samedis après-midi, le Théâtre de la Main-d'Or à Paris tient son assemblée générale. Pas pour programmer les spectacles de son gérant, l'humoriste Dieudonné, mais pour continuer à mordre les mollets de Marc-Olivier Fogiel, devenu pour l'assistance la figure emblématique d'un PAF raciste. Convoquées par e-mails ou SMS, jointes au téléphone par l'humoriste lui-même, plusieurs centaines de personnes se serrent sur les bancs du théâtre pour les deux premières réunions. Devant, des fans de Dieudonné, des proches du collectif qui gère son site Internet, les Ogres. Sur les gradins, une majorité de jeunes, moins de 30 ans, noirs pour la plupart, mais aussi un bon tiers de curieux de toutes origines et de tous âges. Princess Erika appelle les personnalités noires à boycotter l'émission de l'animateur : «C'est une double escroquerie, les gens paient pour envoyer des SMS, et il se permet de les réécrire. Mais, en plus, il nous insulte avec l'argent de la redevance. Il faut que Fogiel parte pour que tous les animateurs de radio et de télé sachent qu'à l'avenir ils ne peuvent plus se permettre d'insulter les Noirs.» Le 29 septembre, Fogiel a été condamné pour injure à caractère racial (1), pour un message «sur les odeurs des Blacks» diffusé dans son émission le 5 décembre 2003. En octobre, l'assemblée réclamait une «sanction» du CSA et, pendant trois semaines, 200 à 300 personnes se sont réunies le dimanche soir à La Plaine-Saint-Denis, devant le studio 101 d'où est diffusée en